Σάββατο 21 Ιανουαρίου 2012

Afghanistan : Sarkozy pris entre politique intérieure et lien avec les alliés

Ne pas se laisser affaiblir, en politique intérieure, par un drame qui met potentiellement à bas toute la stratégie affichée en Afghanistan, celle du passage de relais aux forces locales une fois dûment formées et équipées par les Occidentaux.
Gérer, parallèlement, la relation avec les alliés, Américains en tête, auprès desquels la France avait voulu démontrer, ces dernières années, toute la solidité de sa participation à la coalition.

Vendredi 20 janvier, Nicolas Sarkozy cherchait à trouver le point d'équilibre entre ces deux impératifs, après la mort de quatre militaires français, tués lors d'un entraînement sportif par un soldat afghan.

INFLEXION MAJEURE

Le chef de l'Etat est arrivé tendu, le visage crispé, à la cérémonie des vœux du corps diplomatique, à l'Elysée, où il a aussitôt annoncé la suspension des opérations de l'armée française en Afghanistan, comme prélude potentiel à un retrait anticipé du contingent. "L'armée française n'est pas en Afghanistan pour que les soldats afghans lui tirent dessus", a-t-il déclaré, l'air outré. La colère du président, en apprenant la nouvelle du drame, a été grande. Il s'en est fallu de peu, semble-t-il, pour qu'il annonce, le jour même, une décision ferme de retrait rapide des troupes combattantes françaises.

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Même si l'issue du débat est renvoyée à la question des "assurances" que les autorités afghanes sont sommées d'apporter s'agissant des "conditions de sécurité" pour les soldats français, une inflexion majeure vient d'être donnée. Car M. Sarkozy vient de se dire prêt à rompre avec le calendrier fixé entre les alliés de l'OTAN en novembre 2010, lors du sommet de Lisbonne : celui d'un reflux à l'horizon 2014, avec transfert de responsabilités aux Afghans, mais sans être synonyme de retrait occidental total.

SOLIDARITÉ ENTRE ALLIÉS ESQUINTÉE

Pour l'administration Obama, qui a fait de l'Afghanistan – "guerre nécessaire", contrairement à la guerre d'Irak, "guerre de choix" – l'un des thèmes majeurs de sa politique extérieure, la nouvelle posture française, subitement annoncée par M. Sarkozy, ne pouvait être qu'un désagrément. La solidarité entre alliés était en effet esquintée.

Des consultations bilatérales intenses ont donc eu lieu vendredi : échange téléphonique entre le conseiller diplomatique de l'Elysée, Jean-David Levitte, et son homologue américain Tom Donilon, et entretiens à Paris du général Allen, le commandant de la force de l'OTAN en Afghanistan, qui se trouvait de passage en France. Alain Juppé, le ministre des affaires étrangères, devait s'entretenir samedi par téléphone avec la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton.

Le travail d'explication français, mené en coulisse, a-t-il atténué, voire contredit, l'effet produit par l'annonce de M. Sarkozy ? On pouvait le supposer, à entendre le commentaire fait dans la soirée par Mme Clinton : "Nous n'avons aucune raison de penser que la France ne va pas continuer à prendre part au processus délicat de transition" en Afghanistan.

Les propos de M. Sarkozy pouvaient d'autant plus frapper que ce dernier avait, par le passé, répété que la France resterait engagée "dans la durée". Elle restera "en Afghanistan, avec ses alliés, aussi longtemps que nécessaire", assurait-il en août 2010, ajoutant que ses décisions ne seraient "pas soumises à des calendriers artificiels ou à des humeurs médiatiques".


La France a, en nombre, le quatrième contingent en Afghanistan après les Américains, les Britanniques et les Allemands. M. Sarkozy avait imprimé un changement important, après les années Chirac, en décidant d'accroître les effectifs, et d'engager les troupes au combat au sol (hors forces spéciales), qui plus est dans un secteur (Kapisa-Surobi) où les affrontements pouvaient être intenses, en raison de pénétrations de talibans en provenance du Pakistan. Vendredi, M. Sarkozy a passé sous silence ces décisions, renvoyant la présence française en Afghanistan aux choix faits par "des gouvernements" successifs, depuis 2001.

DÉBANDADE GÉNÉRALE

La nouvelle approche française, si elle se confirme, renvoie à un certain scénario repoussoir, dénoncé en mars 2011, par Robert Gates, alors secrétaire américain à la défense : celui d'une débandade générale. Dans un discours retentissant devant l'OTAN, à Bruxelles, ce responsable avait vitupéré contre la frilosité des Européens : "Franchement, certains parlent beaucoup trop de retrait, et pas assez de la manière dont il faut réussir le job" en Afghanistan.
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Les partenaires de la France auront assurément vu dans les commentaires de M. Sarkozy le poids des préoccupations électorales, à quelques mois de la présidentielle. Mais le sentiment d'une forme de lâchage, du moins verbal, était aussi prégnant. Il a même donné lieu à un commentaire qui aura certainement beaucoup irrité, côté français. Il s'agit de celui du ministre allemand des affaires étrangères, Guido Westerwelle, un officiel dont l'opposition à la guerre de Libye, au printemps 2011, avait provoqué de fortes tensions avec Paris. "Il est clair que des revers comme celui-ci ne doivent pas arrêter notre engagement envers la paix et la réconciliation en Afghanistan", a-t-il dit vendredi soir, en parlant de la mort des soldats français. Sous-entendu : la France ne doit pas flancher.

Un retrait anticipé d'Afghanistan mettrait le président français en contradiction avec l'emphase avec laquelle il lui est souvent arrivé de décrire l'engagement en Afghanistan, un "combat des démocraties pour défendre leurs valeurs" face à la "barbarie". Vendredi, le chef de l'Etat a repris certains de ces élans rhétoriques, évoquant "la lutte contre les forces de l'obscurantisme", et le fait que la France était "contre les talibans". Alors que, côté américain, il ne semble plus être question que de dialogue avec le mouvement religieux.

lemonde.fr

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