Παρασκευή 20 Απριλίου 2012

Ce qu'il faut comprendre de l'affolement des sondages

Le corps électoral est en mouvement. Le système bouillonne. 
C'est moins la boussole qui se dérègle, que l'incertitude qui surgit.

Rarement à la veille d’un premier tour d'élection présidentielle, les sondages n’avaient à ce point hésité à converger. Cette instabilité des mesures est révélatrice d’un climat. Les différents sondages d’intentions de vote publiés fournissent une photographie à peu près fidèle de l’état général du premier tour, mais indiquent des écarts importants entre les résultats des candidats. Ils donnent, en revanche, un rapport de force gauche-droite contradictoire alors qu'ils s’accordent largement pour le second tour.

Que signifient ces divergences ? Au-delà des interrogations sur la fiabilité et l’intérêt des sondages, il convient avant tout de prendre en compte un élément central : lorsque les boussoles s’affolent à ce point, on doit d’abord penser que l’opinion est instable. Que le corps électoral est en mouvement. Que le système bouillonne. C’est moins la boussole qui se dérègle, que l’incertitude qui surgit. Si le paysage politique nouveau est une des raisons invoquées, les comportements imprévisibles des électeurs en sont une autre.

Quelles incertitudes ?

Les instruments sont instables, mais tous indiquent un duel de second tour probable entre les favoris, sans donner l’ordre d’arrivée. Ils mettent en évidence un second match dans l’élection entre les candidats protestataires, avec une incertitude sur la troisième place. Enfin, ils pointent un centre affaibli dans une campagne très polarisée. Toutefois, deux types de fluctuations sont frappants :

L’ampleur des écarts de mesure des scores des candidats entre les différents instituts est très élevée. Au cours des dix derniers jours, le résultat de Jean Luc Mélenchon a été mesuré entre 12% et 17%, soit cinq points d’écarts pour une moyenne se situant autour de 14%. François Hollande est, lui, évalué en moyenne à 28% au cours des derniers jours, mais son score est donné avec des marges allant de 27% à 30%.

De son côté, le résultat de Nicolas Sarkozy est apprécié avec une incertitude de quatre points, fluctuant entre 24% et 28% selon les instituts d’études. Pour sa part, Marine Le Pen est estimée en moyenne autour de 15,5%, mais avec des écarts oscillant entre 14% et 17%. Enfin, les écarts sont moins forts pour François Bayrou, mesuré entre 10% et 12%.

L'évaluation du rapport de forces entre gauche et droite pose problème. Les mesures des instituts sont, cette fois, contradictoires sur les grands courants. Certains donnent, en effet, une avance pour la gauche de deux à cinq points sur le total droite/FN. Avec une gauche comprise entre 44% et 48%. D’autres, en revanche, accordent un avantage à la droite de un à deux points, avec des scores oscillant entre 44% et 46,5%.

Quelles sont les raisons de ces incertitudes ?

Un paysage politique inédit. Longtemps, les sondeurs et politologues ont regretté l’époque bénie du quadripartisme des années 70 (PC/PS/UDF/RPR) qui leur permettait d’établir avec régularité des mesures assez fiables. Dans cette élection, nous assistons à l’apparition d’un paysage politique nouveau. Une sorte de "vrai-faux" quadripartisme avec d'un côté, deux forces à gauche, dont une prépondérante, et de l'autre, deux forces à droite, dont une dominante complétée par un centre atomisé, mais toujours prégnant. Jamais depuis l’émergence du FN dans les années 80, puis des écologistes ensuite, la carte politique ne s’était présentée sous une telle configuration. Cela brouille les repères et crée de l’incertitude.

Une polarisation gauche-droite apparente. La campagne s’est fortement polarisée autour du clivage gauche-droite, mais d’autres fractures sont apparues qui le transcendent. La campagne s’est plutôt installée à gauche avec la dénonciation de la finance et la question sociale. Les thèmes de l’insécurité et de l’identité n'ont, en revanche, pas réussi à s'imposer. Cette polarisation gauche-droite a permis l’émergence des deux prétendants, les candidats du PS et de l’UMP, et de deux candidats protestataires, le candidat du Front de Gauche et celui du Front National.

Dans cette configuration, le centre s’est trouvé écartelé, au point d’être affaibli. Mais le vieux clivage gauche-droite n’a pas structuré tout le débat présidentiel. Le rejet de l’Europe ou la remise en cause de la globalisation, de l’ouverture ou de la fermeture au monde sont des clivages qui transcendent cet axe traditionnel. Ces thèmes ont travaillé l’électorat en profondeur. Les repères politiques traditionnels dans cette campagne sont apparents, mais les incertitudes sont plus profondes.

Les effets de ces incertitudes

Une configuration incertaine. Cette élection, paradoxalement, mobilise moins à mesure qu’approche son échéance. Le risque d’abstention est un facteur majeur, mais ne sous-estimons pas non plus le niveau élevé des forces protestataires de gauche et de droite, qui pourrait dépasser les 30%. La configuration de 2012 évoque ainsi celle de 2002. Toutefois, les grands candidats se situent 10 à 15 points devant les "petits" qui les talonnent, à gauche aussi bien qu'à droite.

Une grande indécision. Les sondages mesurent également le poids des fameux "indécis". Celui-ci est évalué entre 25% à 30%, un score proche de celui de 2007 et de 2002. Cependant, l’ampleur des écarts de mesures dans les intentions de vote en dit peut-être plus sur l’indécision du corps électoral que le niveau d’indécision déclaré par les sondés eux-mêmes.

Des vases communicants. A ce stade de la campagne, les effets électoraux à envisager sont ceux des vases communicants au sein de chaque camp. A gauche, environ quatre points "naviguent" entre Jean-Luc Mélenchon, François Hollande et d’autres candidats de gauche. A droite, on retrouve apparemment quatre autres points, cette fois-ci entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. La marge d’incertitude joue donc autant à gauche qu’à droite, mais guère entre les deux côtés opposés de l’échiquier.

Un second tour trop certain ? Malgré les incertitudes de mesures du rapport gauche-droite, les sondages s’accordent à donner un second tour largement favorable à François Hollande. Une convergence presque trop parfaite pour être vraie. Dans ce cas là, nous serions confrontés à deux hypothèses.

La première : le référendum "anti-Sarkozy" fonctionnerait à plein pour le second tour, même s’il est brouillé au soir du 22 avril. Cette convergence des indications pour le second tour, malgré les contradictions du rapport gauche-droite, en serait alors la preuve. La seconde est moins probable : La mise en évidence d’une instabilité du rapport de force gauche-droite rendrait, dès lors, la mesure du second tour aléatoire, ce qui débouche sur une tautologie que l'on pourrait exprimer de la façon suivante : le second tour ne commencera qu’après le premier.

En cette veille de premier tour, le flou des sondages met donc en évidence des marges d’incertitudes dans l’opinion. Il laisse aussi deviner un corps électoral encore flottant, en mouvement. Il pointe également des forces internes qui agitent le système, mais pas sans doute pas au point de suggérer des surprises de grande ampleur. Enfin, il pourrait générer des résultats inédits... peut être.

Le Nouvel Observateur

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