Παρασκευή 16 Δεκεμβρίου 2011

Les marchés n'en finissent plus de sanctionner les banques

Une fois encore, les banques sont les plus grandes perdantes de la déroute boursière. Ainsi, après avoir annoncé la veille la suppression de 2 350 postes, le Crédit agricole a atteint son plus bas historique à l'ouverture jeudi 15 décembre au matin, perdant 4 %, avant de se reprendre légèrement.

Surexposées aux dettes souveraines européennes, dont une grande partie sont issues de Grèce, d'Italie ou du Portugal, et donc considérées comme peu fiables, les banques françaises n'en finissent plus de payer leur implication dans le fiasco des subprimes et de la dette souveraine.

Un bilan en cours de nettoyage
Le défaut partiel de la Grèce, entériné cet été, a ouvert la voie d'une renégociation sur les titres grecs, dont la dévaluation est en cours de discussion. Il existe actuellement une incertitude sur l'ampleur de ce "haircut" (dépréciation) sur la dette grecque et les banques ne savent pas encore à quelle perte elles doivent se préparer. De plus, les actifs "toxiques" hérités de la crise des subprimes de 2008 n'ont pas encore disparu des bilans.

"Le nettoyage des bilans, qui a démarré après la crise de 2008, prend beaucoup de temps, car il faut que ces actifs soient négociables et liquides pour pouvoir les sortir, explique Rémi Legrand, associé au sein du cabinet de conseil Eurogroup. Les informations sur ces nettoyages nous parviennent à chaque publication trimestrielle, et on constate que le mouvement est très progressif."

D'un point de vue macroéconomique, la crise de la dette souveraine et la litanie des dégradations de notes à la fois sur les banques et les Etats (Fitch a dégradé celle du Crédit agricole mercredi, et la France pourrait se voir rétrogradée d'ici à la fin de la semaine), favorise la contraction du marché interbancaire et rend difficile pour les banques de se refinancer, ce qui explique le succès des dépôts auprès de la BCE, qui continue à offrir aux banques des lignes de crédit à court et moyen terme.

Des marchés qui anticipent la réglementation et maintiennent la pression
La réglementation bancaire internationale, dite Bâle 3, est de son côté en train de devenir le pire cauchemar des banques. Le but de ces principes, négociés en 2008 dans la foulée de la crise des subprimes, est d'augmenter à la fois la qualité et la quantité des fonds propres, et d'améliorer les ratios de liquidité. La disposition-phare de Bâle 3 porte à 7 % le ratio de fonds propres "durs" (ou Core Tier 1) des banques. Celles-ci sont très attendues sur le sujet, et sont contraintes à des efforts énormes pour atteindre ce chiffre fin 2013, alors que les accords de Bâle leur donnent jusqu'à 2022.

Pourquoi cet empressement ? Tout simplement car "les marchés vont plus vite que la réglementation et ont anticipé les nouvelles règles dès leur publication, voire avant, explique Rémi Legrand. Cette pression des marchés pousse les banques à se mettre aux normes le plus vite possible, d'autant plus que les conditions extérieures ne se sont pas améliorées entre temps : ces règles avaient été mises au point après la crise de 2008, pour répondre au nouvel environnement économique, mais c'était sans tenir compte de la crise de la dette souveraine qui a éclaté depuis."

Les besoins sont difficiles à chiffrer, mais une chose est sûre, ils sont énormes. Une étude publiée jeudi par le cabinet de conseil Boston Consulting Group évalue les besoins des banques européennes à 200 milliards d'euros de capitaux frais, équivalent à une réduction de 20 % de la taille de leur bilan.

Outre les règles de Bâle 3, les banques européennes doivent compter avec un durcissement de la législation en faveur de la protection des consommateurs (le Dodd-Frank Act, voté aux Etats-Unis, comprend de nombreuses dispositions en ce sens).

>> Lire "Retour sur 35 ans de régulation bancaire"

Un secteur en recomposition
Selon une étude (PDF) publiée par le cabinet McKinsey, la période 2008-2009 a vu des destructions massives de valeur dans le secteur bancaire, qui ont ouvert la voie à une vaste recomposition. La baisse du cours de bourse des valeurs bancaires les fragilise particulièrement : "Plus le cours de l'action d'une banque baisse, plus elle est susceptible d'être visée par une OPA, souligne Rémi Legrand. Aujourd'hui, les valorisations sont tellement faibles que s'il y avait un marché pour acquérir des établissements bancaires, cela se ferait à bon prix. Ce n'est pas le cas, car aucune banque n'est suffisamment solide pour envisager de grossir."

Confrontées à un climat morose, beaucoup de banques ont revu leur développement à la baisse, notamment à l'étranger. Les analystes du Boston Consulting Group évoquent un fossé grandissant entre des marchés bancaires en pleine expansion dans les pays émergents et des marchés européens et américains qui sous-performent. Dans une note interne, la banque Standard Chartered évoque même une possibilité de retraits importants de la part des investisseurs asiatiques, comme ce fut le cas au plus fort du "credit crunch", en 2008-2009.

Certaines branches d'activité, comme la banque d'investissement, sont également plus touchées que les autres. Le Crédit agricole a en effet annoncé mercredi soir des coupes de personnel dans ce secteur. "Les règles de Bâle 3, principalement celles liées à la liquidité, mais aussi celles liées à la solvabilité, rendent plus coûteuses les activités de banque d'investissement, confirme Rémi Legrand. Cela crée des sureffectifs au sein d'un personnel assez spécialisé. Le 'business model' des banques va donc évoluer, elles vont se recentrer sur les activités moins consommatrices en fonds propres et en liquidités", estime-t-il.

Autant de défis qui pèsent sur la profitabilité des banques, premières responsables, mais également premières victimes de la crise financière.

lemonde.fr

Δεν υπάρχουν σχόλια:

Δημοσίευση σχολίου

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...