Δευτέρα 6 Φεβρουαρίου 2012

Hollande contre Merkozy

Après son entretien croisé avec M. Sarkozy retransmis simultanément par les télévisions française et allemande le 6 février, Mme Merkel doit participer à des meetings de soutien au président sortant.
Elle s'inscrit ainsi clairement dans la campagne électorale pour les élections présidentielles françaises. Par-delà l'affrontement Sarkozy-Hollande, le véritable débat n'est-il pas, en fin de compte, pour ou contre la politique préconisée par Mme Merkel face à la crise de l'euro ?

Les deux positions extrêmes sont celles d'une part de Jean-Luc Mélenchon qui se réclame de la gauche et de Marine Le Pen qui représente l'extrême-droite, d'autre part de Nicolas Sarkozy. Les premiers proposent, tous deux, une sortie de l'euro, voire de l'Union Européenne et le retour à une monnaie nationale et à une politique protectionniste.

A l'opposé, M. Sarkozy, après quelques velléités d'indépendance auxquelles il a vite renoncé, a pris à son compte la stratégie dictée par la Chancelière. Il entend donc suivre ses recommandations en combinant une politique d'austérité budgétaire et une réduction du coût du travail. Ce n'est pas un hasard si Mme Merkel le soutient aujourd'hui avec vigueur.

La position de François Hollande est plus difficile à exprimer dans la mesure où il ne remet pas en question l'appartenance de la France à l'euro tout en souhaitant proposer une alternative au "Merkozysme". D'où sa timidité en la matière. Le rapport que vient de publier l'Organisation Internationale du Travail (OIT) apporte un soutien de poids à une politique alternative et devrait permettre au candidat socialiste de préciser sa position. Analysant de manière extrêmement critique la politique allemande depuis le Gouvernement Schröder en 2003, l'OIT montre que, non seulement elle se distingue par son égoïsme au détriment des autres pays européens, mais qu'elle a également été nuisible à l'Allemagne elle-même, notamment parce qu'elle a renforcé les inégalités et accrut la pauvreté.

En fait, cette stratégie a principalement reposée sur la modération des salaires alors que la productivité du travail par rapport aux autres pays européens (période 1995-2010) ne s'est pas vraiment améliorée. Le rapport considère que cette politique est la cause structurelle des difficultés de la zone euro. En réalité, non seulement, toute tentative d'imiter ce "modèle" risque de conduire à un appauvrissement des pays qui s'y adonnerait, mais de plus, il est probable qu'elle ne ferait qu'aggraver la crise de la zone euro.

Par définition, les excédents des uns répondent aux déficits des autres. La majeure partie des excédents allemands est obtenue sur ses partenaires européens. Si ceux-ci devaient réduire leurs coûts salariaux pour imiter l'Allemagne, il en résulterait une intensification d'une compétition fondée sur la déflation salariale qui plongerait la zone euro dans une récession profonde.

Compte tenu de l'écart des coûts salariaux entre la zone euro et les pays émergents et de la faible substituabilité des productions des uns aux autres, il est illusoire d'espérer qu'une réduction des coûts salariaux puisse susciter une progression de nos exportations vers le reste du monde. En supposant même que les partenaires de l'Allemagne parviennent à réduire leurs coûts salariaux, l'Allemagne perdra son avantage, sans gain notable pour l'ensemble de la zone euro.

Si la modération des coûts salariaux a joué un rôle décisif dans la réussite exportatrice de l'Allemagne au cours des dernières années, son appareil productif n'a réagi favorablement à cette impulsion qu'en raison de ses spécialisations, de ses capacités d'innovation, de la qualité de ses produits, enfin des services aux entreprises. En réduisant les investissements, l'austérité imposée à l'économie française risque d'imiter l'aspect le plus discutable de la politique allemande (la déflation salariale) en nous éloignant encore davantage des qualités fondamentales de ce "modèle".

L'accent mis sur les déficits budgétaires et les dettes publiques masque la négligence à l'égard des déséquilibres extérieurs et de leurs conséquences. Cette polarisation est trompeuse. Le déficit budgétaire est surtout préoccupant s'il ne peut être financé au niveau domestique. En revanche, si un pays a un déficit extérieur chronique, il doit en permanence s'endetter auprès du reste du monde, que ce soit par le biais des agents économiques privés (entreprises et ménages) ou de l'Etat. Il court le risque que les investisseurs étrangers seront de plus en plus réticents à lui accorder des crédits.

Pour rétablir les équilibres au sein de la zone euro, il ne suffit donc pas de contrôler les politiques budgétaires comme le propose Mme Merkel. Il convient également et surtout d'instituer un contrôle des déséquilibres courants entre les pays de la zone euro. Comme le préconisait Keynes à Bretton Woods (1944), il serait souhaitable que, parallèlement aux contraintes pesant sur les pays en déficit, d'autres contraintes s'exercent sur les pays excédentaires. C'est cette contrepartie du contrôle des politiques budgétaires des pays structurellement déficitaires adopté à l'initiative du tandem Merkel-Sarkozy que M. Hollande pourrait proposer à nos partenaires européens, s'il est élu. Le communiqué publié à l'issue du G20 de Cannes stipulait, du reste, que "les pays affichant des excédents courants importants s'engagent à mettre en œuvre des réformes destinées à accroître la demande intérieure". Il s'agirait de rendre cet "engagement" plus impératif et plus contraignant.

Contrairement aux commentaires qui ont présenté comme farfelue la volonté de M. Hollande de renégocier l'accord conclu en décembre dernier, celui-ci pourrait évoquer un argument décisif : le risque de récession profonde de la zone euro dans lequel la multiplication de politiques d'austérité pourrait la plonger ; une implosion de l'euro catastrophique pour les pays structurellement déficitaires, mais également pour l'Allemagne qui perdrait ainsi le "marché protégé" dont elle bénéficie avec la zone euro.

lemonde.fr

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