Πέμπτη 26 Ιανουαρίου 2012

L'image du président français apparaît plus nuancée vue de l'étranger. Notamment à Londres.

Grossier bouffon porté sur le bling-bling ou homme d'Etat de stature churchillienne ? Avec Nicolas Sarkozy, semble-t-il, on n'est jamais tout à fait sûr. Mais des deux aspects du personnage, celui qui vous paraîtra prédominant dépendra surtout de l'endroit où vous vivez.
En France, il n'y a plus guère de doute. Il est difficile d'en rajouter sur le degré auquel le président déplaît à une bonne partie du pays. "Déplaire" est même un terme bien trop modéré : on sent une profondeur dans le mépris, une froide férocité dans la détestation qui peuvent choquer.

Il y a plusieurs raisons à cela. L'une est la déception. Comme le souligne un haut diplomate français, "on a peine à se souvenir aujourd'hui de l'espoir que tant de gens avaient mis" dans cet ancien ministre de l'intérieur au parler direct et à l'attitude déterminée qui gravit les marches de l'Elysée en 2007 comme président le plus populaire de la Ve République.

Sarkozy avait promis la "rupture" – secouer le pays, le débarrasser de ce qui l'entravait et favoriser ceux qui travaillaient dur – et la France, qui en avait plus qu'assez du misérabilisme et de l'immobilisme, y avait cru. Aujourd'hui même les plus fidèles ne cachent pas leur amertume devant le peu qui a été accompli. Le principal succès du président a été de faire passer l'âge de la retraite de 60 à 62 ans. Mais c'est l'homme Sarkozy qui a le plus de mal à passer. Il est "considéré comme n'étant pas de la même étoffe que celle dont sont censés être faits les présidents français", remarque Xavier Rolland, analyste en affaires étrangères. Un président français doit être grand, digne, réfléchi, raffiné, distingué.

Esthétiquement conscient, intellectuellement applaudi. Hors de France, la perception est différente. La façon dont il est apprécié en France, nous l'avons compris au bout de six mois de présidence, soit à peu près le temps qu'il a fallu – après la fête tapageuse du lendemain d'élection, la virée tape-à-l'œil à bord du yacht de soixante-dix mètres du copain milliardaire et la consternante séance de photo à Euro-Disney avec la nouvelle compagne glamour du président – aux près de 53 % de Français qui avaient voté pour lui pour se rendre compte qu'ils avaient peut-être fait une erreur.

TALONNETTES, CARLA BRUNI ET EXPRESSIONS FACIALES

Pour beaucoup de gens au Royaume-Uni en tout cas, cet aspect des choses est plutôt amusant. (Dans la mesure où nous connaissons cet aspect : tout ce que savent la plupart des Britanniques sur Nicolas Sarkozy, c'est qu'il porte des talonnettes, qu'il est marié à Carla Bruni, qu'il affiche une palette d'expressions faciales extraordinaire même pour un Français, et qu'il a récemment conseillé à David Cameron de se taire.) Mais posez la question à ceux, diplomates, politiciens et analystes qui l'ont vu au travail, et c'est une autre image qui émerge. Ces personnes emploient des termes comme méthodique, stratégique, sérieux, déterminé, efficace. Il "comprend vite les problèmes", "maîtrise rapidement les éléments clés d'un dossier", "sait très bien expliquer sa position" (et démolir la vôtre). Il est également émotionnel, impétueux, "difficile à faire changer d'avis" et "très français". Mais cela n'a rien d'étonnant.

Sur la scène internationale, indique Robin Niblett, directeur du cercle de réflexion sur les affaires étrangères Chatham House, Sarkozy est sans conteste " préoccupé de l'intérêt national de la France, sait au besoin se montrer impitoyable pour le garantir, et possède sans aucun doute un esprit stratégique". Même ses réalisations intérieures, affirme Niblett, ne sont pas aussi négligeables que ce qu'en disent les Français.

Certes, il donne l'impression "de toujours s'efforcer d'être plus que ce que les gens pensent qu'il est". Et ce qu'il a réussi à accomplir – réforme des universités et des retraites, amortissement des effets les plus néfastes de la semaine de 35 heures, régime fiscal avantageux pour la recherche et le développement, aide aux investissements étrangers – est bien en deçà de ses promesses de campagne et de ce dont la France a besoin. Mais même si "aucune de ces avancées n'est considérable, tempère Niblett, il a fait comme Obama avec le système de santé. Il a ouvert une brèche."

Tout en reconnaissant les problèmes que pose parfois son impulsivité, une source diplomatique britannique de haut niveau loue le pragmatisme de Sarkozy : "Si vous lui dites non pas : ‘Ecoutez, Nicolas, ceci est totalement inacceptable', mais : ‘Ecoutez, Nicolas, voici les réalités politiques de mon pays qui font qu'il nous est impossible de faire ce que vous proposez', il s'emploiera aussitôt à trouver une solution mutuellement acceptable qui permettra de parvenir à un accord." Sur l'Europe, et malgré la prise de bec qui l'a publiquement opposé à Cameron en décembre, beaucoup d'observateurs britanniques estiment que Sarkozy, tout au long de cette année de crise, a joué non sans habileté une main pourtant affaiblie. "Il se trouve dans une position très difficile, rappelle Charles Grant du Centre for European Reform. Pour la première fois dans l'histoire de l'UE, la France n'est pas en mesure de tirer les ficelles."


SE SERVIR DES INQUIÉTUDES ALLEMANDES

L'Allemagne, souligne Grant, a peut-être "eu le dessus dans la plupart des discussions clé" portant sur un système plus réglementé, mais, remarque Niblett, Sarkozy a réussi à se servir des inquiétudes allemandes sur l'avenir de l'euro "pour avancer sur plusieurs objectifs français de longue date : renforcement de la gouvernance économique européenne, harmonisation de la fiscalité des entreprises, maîtrise des plus graves excès du secteur des services financiers, peut-être une taxe Robin des Bois. Et en ce sens, oui, c'est un homme d'Etat".

Au Foreign Office, le président français est chaleureusement applaudi pour avoir jeté par-dessus bord "les vieux préjugés gaullistes contre les Anglo-Saxons". Les mandarins du bureau des affaires étrangères observent qu'en règle générale les premiers ministres britanniques ont entretenu " de bonnes relations, personnelles, efficaces et mutuellement fructueuses " avec Sarkozy. Blair l'appréciait ; Brown s'entendait "exceptionnellement bien" avec lui.

Les politiciens plus jeunes portent eux aussi un jugement largement positif sur le président français. Denis MacShane, le ministre de Blair pour l'Europe, décrit Sarkozy comme un homme "passionné et énergique" qui "[lui] tapotait la poitrine pour souligner ses propos, il [m']enfonçait carrément son doigt dans l'épaule", mais qui faisait avancer les choses, même s'il n'était encore que ministre de l'intérieur. A cette époque-là, se souvient MacShane, le camp de réfugiés de Sangatte était le seul point de friction dans les relations franco-britanniques." Sarkozy, raconte MacShane, a rencontré le [ministre de l'intérieur David] Blunkett. Il s'est rendu à Sangatte. Il est venu, il a vu, il a fermé. Peut-être était-ce une mesure plus symbolique qu'autre chose, mais quand même… ça a résolu notre problème." (Beaucoup moins enthousiaste, Chris Bryant, qui fut pour sa part ministre de Gordon Brown pour les affaires européennes, se souvient que Sarkozy faisait parfois montre d'une "remarquable intransigeance" et que "tout se faisait toujours à la dernière minute".)

INTERVENTION "QUASIMENT CHURCHILLIENNE"

Mais c'était peut-être une attitude tactique. D'autres observateurs, hors de France, citent comme exemple du caractère stratégique et à long terme de la réflexion de Sarkozy sa détermination à "revenir aux côtés" des Etats-Unis, sa décision de réintégrer la France dans la structure militaire de l'OTAN et son soutien constant à une coopération franco-britannique en matière de défense et de sécurité. Niblett va jusqu'à avancer que l'une des premières interventions de Sarkozy, lorsqu'il négocia un cessez-le-feu en Géorgie en 2008 alors que la France assurait la présidence tournante de l'UE, fut "quasiment churchillienne". "Ce n'était pas tellement une question de stratégie à ce moment-là. La situation évoluait à toute vitesse. Mais il y avait une détermination à s'emparer du problème, à faire quelque chose et à aller jusqu'au bout. Il a saisi le moment."

Plus récemment c'est encore Sarkozy qui a pris les premières initiatives sur la Libye : il a fait un pari personnel pragmatique, même s'il était un peu impétueux, en reconnaissant les rebelles, en convainquant des Etats-Unis réticents à se joindre aux opérations, en ordonnant des missions aériennes au-dessus de la Libye avant que tout autre pays ait fait décoller ses appareils, en fournissant des armes et en organisant deux sommets distincts à l'Elysée. "Il a fait preuve d'audace et ça a marché", résume un mandarin.

A l'étranger les dirigeants nationaux sont fréquemment considérés d'une autre façon que chez eux. Pour une bonne partie du reste du monde, Gordon Brown, au moment de sa sortie humiliante ici en Angleterre, était encore un poids lourd immensément respecté. Nicolas Sarkozy, le politicien le plus ambigu qui soit, n'est sans doute pas Talleyrand. Mais il vaut peut-être mieux que le jugement qu'en ont les Français.

lemonde.fr

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