Σάββατο 25 Φεβρουαρίου 2012

GRECE : UNE ODYSEE SANS HOMERE…

Mao Tsé Dong ne s’imaginait sans doute pas lorsqu’il écrivait : « La politique est une guerre sans effusion de sang et la guerre une politique sanglante. » Que cette phrase colle merveilleusement à l’explication de la crise grecque…

D’ailleurs doit-elle être appelée crise grecque ou bien appendice grec de la crise de l’euro, voire de l’Europe… ?

Les chiffres sont rébarbatifs et peu explicites pour ceux qui ne connaissent pas les tenants et les aboutissants, aussi vais-je essayer d’en indiquer un minimum.

Avant de pointer du doigt les problèmes endémiques du système grec et ceux qui en profitaient (Grecs et étrangers) il est nécessaire de dire 2 ou 3 choses au sujet de l’histoire récente d’un pays aux nombreuses particularités.

Peu de personnes savent que la Grèce est un des pays au monde ayant payé le plus lourd tribut à la 2ème guerre mondiale ; elle a eu, avec l’Union Soviétique, le plus grand nombre de morts proportionnellement à sa population, sans compter la guerre civile d’une violence inouïe qui dura de 1944 à 1949 et qui divisa jusqu’à récemment la société grecque et empêcha le pays de bénéficier du boom économique de l’après-guerre.

A noter, Sir Winston Churchill en parlait en termes dithyrambiques, la résistance acharnée des Grecs contre les Allemands qui obligea ces derniers à reporter de quelques mois l’exécution du plan Barbarossa (envahir l’ URSS), ce qui les amena à attaquer en hiver avec le dénouement que l’on connaît…Les Russes à maintes reprises ont montré – nonobstant des régimes politiques diamétralement opposés - leur gratitude !

L’Italie et la Bulgarie, pays engagés au côté de l’Allemagne pendant la guerre et l’occupation, ont payé des dédommagements substantiels à la Grèce lorsque celle-ci était en train de se reconstruire (années 1950-60). L’Allemagne en revanche ne l’a jamais fait alors qu’elle – outre les innombrables exactions – avait pillé de façon avérée la Banque de Grèce d’une grande partie de son or et avait émis un prêt, jamais remboursé, garanti et donc payé par cette même Banque de Grèce. La raison de ce non paiement, jamais officialisé mais jamais non plus demandé formellement, sauf par des particuliers, est dû principalement à des pressions américaines qui offraient à cette époque le Plan Marshall dont le pays avait grandement besoin. Evidemment ces derniers mois plusieurs voix politiciennes, suite aux réticences allemandes et aux exigences démesurées de mise sous tutelle du pays, ont demandé que se fasse une sorte de compensation, surtout que certains particuliers ont déjà eu gain de cause à la Cour Européenne.

Si vous ajoutez à ça sept ans de dictature (1967-1974), des problèmes récurrents avec les pays voisins (à l’exception de la Serbie), l’invasion turque en Chypre sous l’œil bienveillant de Henry Kissinger alors que la Grèce était membre à part entière de l’OTAN, cela explique la très grande méfiance de la population grecque envers les pays « amis », surtout que les à côtés de ces périodes ont de quoi faire frémir…

Ces accélérateurs de l’histoire que sont les guerres, la famine – que le pays a connu à deux reprises - le coup d’état et le problème chypriote ont en grande partie façonné l’anarchie qui caractérise l’administration grecque.

Les partis politiques grecs sont – avec les corrupteurs étrangers – les plus grands responsables de la débâcle grecque ; le clientélisme a été érigé en dogme. Tout en ayant un avis très tranché sur cette question et la répartition des torts, mon propos ici n’est pas de faire de la politique politicienne ; néanmoins force est de constater que les Grecs ont aboli la Monarchie par referendum en 1974 pour la remplacer par trois familles (Karamanlis, Papandréou, Mitsotakis) qui trustent le pouvoir depuis 1958 avec plus ou moins de bonheur.

La Grèce, comme tout pays aux inégalités criantes, a eu son lot de personnes très fortunées qui ont régulièrement, depuis 1821 date de l’insurrection contre le joug turc et jusqu’à la fin des années 1970, par patriotisme, pour se donner bonne conscience, ou encore pour montrer au pays qu’elles avaient réussi à l’étranger, fait des dons remarquables (hôpitaux, routes, infrastructures) que la dernière génération – moins érudite, plus occidentalisée – ne fait plus…

A noter une autre particularité de la Grèce, elle a plus de ressortissants à l’étranger qu’en Grèce. En effet après Athènes les villes recensant le plus de Grecs sont New York (1,6 millions) et Melbourne (1,2 millions). Ce sont des personnes qui envoient beaucoup d’argent au pays et en ces temps difficiles bien davantage. A noter que les communautés grecques de par le monde sont très bien intégrées – en Suisse aussi – sans créer de problèmes et occupant souvent des places très importantes et notamment la communauté académique grecque aux U.S.A. (Professeurs et Docteurs) est la plus importante du pays. L’E.P.F.L. qui avait jusqu’en 2009 un vice-président grec en la personne de Dr Stéphane Catsicas a beaucoup de professeurs grecs.
A Fribourg, comme dans toute la Suisse Romande il y a une petite communauté comprenant notamment plusieurs médecins d’excellente réputation qui à leur tour aident leur pays natal.
Tout ceci explique que le Grec se trouvant dans un environnement sain est lui aussi parfaitement intégré.

L’église aussi – premier propriétaire foncier du pays – n’est plus du tout la même ; s’il est vrai qu’il faut séparer le bon grain de l’ivraie et que dans certaines régions de la Grèce elle se substitue carrément à l’Etat pour des œuvres sociales (aujourd’hui de manière extraordinaire), il est tout aussi vrai que les premiers fraudeurs du fisc sont les ouailles des monastères qui ne payent quasiment rien, et ceci de manière assez scandaleuse…

Une fois un Ministre, feu Antonis Tritsis a voulu y remédier ; il a dû…quitter son Ministère le lendemain, et ceci alors qu’il était non seulement très populaire et extrêmement bien formé mais était ami de longue date de Andréas Papandreou le Premier Ministre. L’église orthodoxe ne s’est pas toujours comportée (même historiquement) de façon très…orthodoxe !

La marine marchande entre les mains des armateurs grecs est la première au monde (pavillons grecs+étrangers). Pendant de longues années les navires grecs battaient avec un pavillon de complaisance, comme évidemment la plus grande partie des flottes mondiales. Moyennant un retour au pays, ce qui apportait du travail pour de nombreux Grecs ainsi que de l’argent frais dans le marché ; les armateurs ont négocié une défiscalisation très importante, trop importante assurément… Certains ont contribué ces dernières semaines à l’effort national mais il faudrait que cela continue et s’amplifie…

Car la Grèce a faim….Il est inadmissible en 2012 de voir des personnes dignes, honnêtes(peut-être en est-ce la cause), instruites, courir les soupes populaires et les poubelles des supermarchés…Des images toujours plus fréquentes et qui malheureusement ne cesseront pas avant quelques années….Alors oui la Grèce comprend qu’elle doit payer ; mais un 7ème plan d’austérité en moins de 2 ans ce n’est pas viable, ce n’est pas humain, ce n’est pas supportable ! Et ce ne sera pas le dernier….

Car, et là évidemment la colère gronde en chacun, tous les Grecs passent auprès des médias européens ou lors de chroniques bancaires dotées d’un humour de bœuf avarié, comme des corrompus et/ou des fraudeurs….Mais il faut m’expliquer comment on peut frauder le fisc en gagnant entre 385 euros net (premier emploi) et 900 euros soit le salaire des 45% de la population active avec 24% de chômage officiel et même 55% pour les moins de 25 ans… Et ceci dans un pays où les aînés ne vont que rarement dans les EMS, les enfants se faisant un point d’honneur de les garder avec eux.

Un pays où malgré tout – et heureusement – la solidarité est très importante et là se trouve l’espoir ; dans ces souvenirs collectifs des difficultés vécues et surpassées.

Un pays qui a un des plus grands budgets d’Europe par rapport aux habitants en dépenses militaires et ceci…pas de son plein gré….Un budget militaire amputé de 40% (et qui serait dans la fourchette haute en Europe) aurait rendu il y a 3 ans la dette grecque viable !!! Et comme l’a dénoncé Daniel Cohn-Bendit au Parlement européen, la première aide à la Grèce il y a presque deux ans a été assujettie à l’achat de sous-marins allemands et de frégates françaises. Vous avez dit bizarre ?

Enfin, tout corrompu a un corrupteur me semble-t-il… Le plus grand scandale avéré en Grèce est la corruption par SIEMENS de politiciens des deux plus grands partis sans que personne ne soit sous les verrous…

Néanmoins l’Allemagne donne des cours d’éthique à la Grèce les jours même où le Président grec – résistant historique - a demandé de ne plus recevoir de salaire par solidarité avec son peuple alors que le Président allemand est contraint à la démission pour avoir joué ….au Grec !

Ce serait merveilleux si cette épreuve, une de plus, permettait à la Grèce de corriger certains travers, ce qui est absolument nécessaire ; mais tout aussi nécessaire est une aide à la relance de la croissance afin de caresser l’espoir de sortir de la crise…

Lundi dernier, j’écoutais sur RSR la Première un Monsieur bienpensant se demandant si le mot contribuable existait en grec ; j’ai hésité puis me suis abstenu d’appeler l’émission pour lui dire que sans mots d’origine grecque, il serait probablement en train de communiquer avec des signaux de fumée…

Spyros Karageorgis

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