Σάββατο 7 Ιανουαρίου 2012

Fin de règne en Premier League

LONDRES, CORRESPONDANT - Sale temps sur la Premier League. La légende de la première division anglaise de football dotée de tous les atours (passion, pouvoir, argent) est ébranlée.
Ouvert samedi 7 janvier, le mercato d'hiver s'annonce morose. A l'exception de Manchester City, qui dispose de la manne de son propriétaire, un membre de la famille royale de l'émirat pétrolier d'Abou Dhabi, la grande majorité des clubs doivent se serrer la ceinture.

Ce régime minceur contraste avec la fringale de transferts de l'année 2010-2011. La renégociation, en 2012, des droits de télévision avec le bouquet par satellite BSkyB et l'effet du ressac économique sur la billetterie et le merchandising, les deux autres sources de revenus des clubs de l'élite anglaise, ajoutent à l'incertitude. "C'est la grande désillusion, constate John Williams, directeur du Centre de recherche sur le football de l'université de Leicester. Nous assistons à la fin d'un cycle glorieux d'une douzaine d'années au cours desquelles les clubs britanniques ont dominé le football européen grâce à une génération exceptionnelle."


L'élimination prématurée en Ligue des champions des deux clubs se disputant le leadership du championnat anglais 2011-2012, Manchester United et Manchester City, confirme s'il en est besoin que le football de Sa Majesté ne domine plus la scène continentale. En 2008, Manchester United et Chelsea avaient disputé la finale de la prestigieuse compétition européenne. En 2009, pour la troisième saison d'affilée, l'Angleterre avait placé trois représentants en demi-finale.

Comment expliquer cette mauvaise passe du football dans son pays berceau ? Tout d'abord, l'éclipse de manageurs hors pair se fait ressentir. Agé de 70 ans, Alex Ferguson, patron de Manchester United depuis 1986, est en fin de parcours. Après un début de saison catastrophique, Arsène Wenger, 62 ans, aux commandes d'Arsenal depuis quinze ans, a du mal à remonter la pente vers le sommet de la Premier League. José Mourinho, qui avait fait la grandeur de Chelsea, a quitté le Royaume-Uni pour l'Italie puis l'Espagne. Quant aux nouveaux venus, André Villas Boas à Chelsea, Kenneth Dalglish à Liverpool et Roberto Mancini à Manchester City, ils doivent encore faire leurs preuves face à des propriétaires étrangers autoritaires et impatients.

Le paysage économique du "foot business" a été bouleversé par la prise du pouvoir du duo Real Madrid - FC Barcelone : les deux clubs espagnols sont aujourd'hui les plus riches de la planète. A lire le dernier classement du cabinet Deloitte (portant sur les revenus 2009-2010), Manchester United ne vient qu'en troisième position avec 349,8 millions d'euros, derrière le Real (438,6) et le Barça (398,1). Il y a dix ans à peine, la Premier League générait pourtant plus de revenus que les autres grands championnats européens. Dans la chasse aux stars étrangères, Arsenal (5e), Chelsea (6e) et Liverpool (8e) sont désormais soumis à la rude concurrence des deux clubs espagnols, mais aussi du Bayern Munich ou du PSG.

Parallèlement, les joueurs anglais de qualité se font de plus en plus rares. Alors que Wayne Rooney, l'avant-centre de "Man U", se montre imprévisible, on ne compte qu'une poignée de nouveaux talents. Plus que jamais, le royaume souffre des carences de son système de formation, du manque de pratique du sport en général et du football en particulier. Résultat, les clubs font la cour aux gamins doués repérés à l'étranger. Fabio Capello, le sélectionneur de l'équipe aux trois lions, a beau répéter à l'envi que ces pratiques de pirates sont préjudiciables aux performances de l'équipe nationale anglaise, rien n'y fait.

MIssion FrappossibleAutre point noir, le retour du racisme sur les terrains de football. La fédération anglaise (Football Association) a infligé une suspension de huit matches et une forte amende à l'attaquant uruguayen de Liverpool, Luis Suarez, pour avoir traité le Français Patrice Evra de "negrito" (nègre). John Terry, défenseur de Chelsea et capitaine de l'équipe d'Angleterre, est la cible d'une enquête policière pour des faits similaires lors d'un derby opposant les "Blues" à Queens Park Rangers. "Le combat de la fédération contre le racisme est peut-être la seule valeur positive d'un sport gangrené par l'homophobie et le sexisme, sans parler de la triche et de l'attitude grotesque envers l'argent", a souligné le Times après l'annonce de la lourde punition infligée par la fédération à Suarez. Tout en se félicitant de l'action de la Football Association, John Williams dénonce le racisme "institutionnalisé" au sein des conseils d'administration blancs et mâles à 100 % qui président aux destinées des clubs : "Le foot anglais reste un grand chaudron où mitonnent népotisme et conflits d'intérêts."

Le traitement de faveur accordé aux stars du ballon rond est également dans le collimateur d'un gouvernement déterminé à réduire les privilèges fiscaux. L'administration des impôts s'en est prise aux généreux avantages en nature (vacances, cadeaux, voitures de fonction, palaces) dont bénéficient les footballeurs et leurs familles. Le mode de vie "caviardisé" des vedettes du foot choque en cette période d'austérité draconienne.

Par ailleurs, à l'heure de la transparence financière, le football anglais est plus que jamais un univers opaque marqué par les "affaires". Les circuits de l'argent pour gérer les revenus versés aux joueurs, sélectionneurs ou dirigeants sont trop souvent dissimulés derrière des sociétés offshore.

Les formations de la première division anglaise se vendent comme des savonnettes à des entrepreneurs qui s'en servent comme danseuse, ou pour améliorer leur image de marque sans avoir de comptes à rendre sur l'origine de leur fortune ou le financement des transferts. Pour se protéger des médias, les nababs n'hésitent plus à retirer leur club de la Bourse. Tel est le cas du spéculateur en devises Joe Lewis, qui a récemment racheté 85 % des actions de Tottenham à la corbeille du deuxième marché londonien.

Last but not least, le premier ministre, David Cameron, affiche un profond désintérêt pour les vulgaires gueux à crampons. Passionné de cricket et de rugby, le locataire du 10 Downing Street a abandonné le projet de son prédécesseur travailliste, Gordon Brown, d'accroître la représentation des supporteurs et d'empêcher le financement des clubs par un endettement colossal. Sur le plan sportif, l'organisation des Jeux de Londres est aujourd'hui la priorité absolue de l'action gouvernementale.

Et pourtant, malgré la rivalité du shopping ou des autres sports - en particulier les courses hippiques -, les stades de football ont fait le plein pendant les fêtes (en Angleterre, il n'y a jamais relâche entre Noël et le Nouvel An). Car la grisaille ambiante dissimule une bonne nouvelle : le championnat est plus ouvert que jamais, avec six clubs en lice pour le titre. Manchester City, Tottenham et Liverpool défient les intouchables d'antan, Man U, Arsenal et Chelsea. Derrière, les outsiders leur taillent sans cesse des croupières. Newcastle, Stoke ou Norwich se frayent un chemin dans l'élite en perpétuant les meilleures recettes du foot anglais traditionnel, un jeu sans fioritures et de l'engagement physique à revendre.

En outre, le redressement de la livre sterling par rapport à l'euro favorise les achats de vedettes du continent. Dans cet enjeu financier et médiatique planétaire, la Premier League peut compter de surcroît sur son réservoir inépuisable de supporteurs asiatiques, qui intéresse publicitaires et chaînes de télévision. "Compte tenu des contrats de retransmission et de sponsoring importants renforçant les recettes des clubs anglais, je ne serai pas surpris que, malgré le contexte difficile, les revenus de la saison actuelle soient en progression", souligne Paul Rawnsley, un des directeurs du bureau britannique du cabinet Deloitte.

Clameurs ferventes et couleurs des oriflammes. En dépit de tous ses problèmes, le football anglais est loin d'être devenu, comme le disait Byron à propos de l'Italie, la triste mère d'un empire mort.

lemonde.fr


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